Pourquoi se contenter d’une trentaine d’espèces potagères alors que mère nature nous offre une palette de plus de mille six cents plantes comestibles dans son vaste jardin ?
Suivant le cas, racines, feuilles, jeunes pousses, tiges, fleurs, boutons floraux, fruits, graines farineuses ou oléagineuses peuvent agrémenter nos assiettes au gré de nos envies et des innombrables recettes existantes. Ces plantes sauvages, trop longtemps délaissées, présentent pourtant des vertus nutritionnelles et gustatives indéniables. Sans être un expert en botanique, et sans avoir à s’éreinter au jardin, il est tout à fait possible à tout un chacun de glaner et cuisiner quelques unes des espèces les plus communes et simples à identifier. Assurez-vous au préalable qu’elles aient pu échapper à quelque traitement chimique en choisissant judicieusement votre lieu de cueillette.
Prenons l’exemple d’une des plantes dont la présence au jardin a le don d’agacer le jardinier qui n’a de cesse de vouloir l’éradiquer : l’Ortie.
Cette plante présente pourtant des vertus innombrables et insoupçonnées. Savez-vous qu’elle contient sept fois plus de vitamine C que l’orange et dispose d’un pouvoir reminéralisant de par sa forte concentration en fer, magnésium, phosphore et potassium ? Riche en protéines complètes, elle a sensiblement la même valeur nutritionnelle que certaines viandes et de surcroît possède un pouvoir anti-oxydant. Au moyen âge, il existait un carré d’orties dans chaque jardin. Ses qualités gustatives sont intéressantes et varient selon la maturité de la plante. Jeune, c’est son côté fraîcheur qui attire. Les pointes d’orties peuvent servir à l’élaboration de recettes de ravioles ou bien encore entrer dans la composition d’un velouté. Mature, elle s’apparente plus aux saveurs animales. D’aucuns la cuisinent même sous forme de brandade, son goût étant assez proche de celui du poisson. Cette plante peut se décliner sous forme d’innombrables recettes qu’il serait trop long d’énumérer ici.
Lors de nos sorties nature, nous avons attiré votre attention sur bon nombre de ces espèces communes telles la Consoude dont on fait des beignets avec les feuilles, l’Alliaire condiment à forte odeur d’ail, la Berce dont les côtes se préparent en gratin, la Benoîte aux racines à la saveur de clou de girofle, l’humble pissenlit consommable de la racine au bouton floral, aux vertus hépatiques et diurétiques, le plantain dont les feuilles entrent dans la composition de salades.
Selon les saisons, vous pourrez orienter votre quête de plantes sauvages. L’été est propice à la cueillette de baies sauvages, telles les mûres et les baies de sureau dont on fait des confitures, l’Angélique dont la tige peut être confite et entrer dans la composition de cakes. Sans oublier, en cette saison automnale, le ramassage de champignons tels les cèpes, girolles, trompettes des morts, agaric. Les cynorhodons, plus connus sous le nom de « poil à gratter », sont des baies que l’on trouve sur les églantiers et dont on fait également des confitures et du thé. La liste est bien trop longue pour toutes les énumérer ici.
Si le cœur vous en dit, nous vous invitons à retrouver quelques-unes de ces plantes au gré de recettes que nous vous proposons aujourd’hui. Nous espérons que cela suscitera en vous la curiosité et l’envie de redécouvrir la tradition de la cuisine « buissonnière ».
Il ne nous reste qu’à vous souhaiter bon appétit et à bientôt, peut-être, pour d’autres découvertes côté nature.
Josiane et Alain DEROISSART
Ravioles aux herbes sauvages
Pour six personnes
- Pour la farce, un bouquet d’herbes sauvages mélangées : pointes d’orties, pissenlits, menthe sauvage, une grosse poignée de blettes ou épinards – 150 grammes de fromage frais très égoutté (ricotta ou faisselle) – 1 œuf – 1 cuillère à soupe d’huile d’olive – sel, poivre.
- Pour la pâte : 230 grammes de farine – 2 œufs – 1 cuillère à soupe d’huile d’olive – 2 cuillères à soupe d’eau tiède – sel.
- Pour la sauce : 250 grammes de noix – 1 gousse d’ail – 30 grammes de pain de mie – 1 cuillère à soupe d’huile d’olive – 10 cl de lait – sel, poivre. Passer le tout au mixeur pour obtenir une purée très fine, faire chauffer et réserver au chaud.
Confectionner la pâte : verser la farine dans une terrine, creuser un puits et y mettre le sel, l’huile, 2 cuillères à soupe d’eau tiède et l’œuf. Mélanger du bout des doigts et travailler la pâte 10 minutes environ pour la rendre souple et élastique. La laisser reposer pendant une heure dans un torchon humide.
Préparer la farce : laver et essorer toutes les herbes en ôtant les tiges dures. Les ciseler finement. Faire chauffer l’huile d’olive à feu doux et y faire étuver les herbes pendant dix minutes. Ôter du feu et laisser refroidir. Dans une terrine, réunir les herbes, le fromage frais et l’œuf. Mélanger jusqu’à obtenir une farce un peu compacte. Saler, poivrer, réserver au frais.
Étendre la pâte au rouleau sur un plan fariné aussi finement que possible et y découper des cercles à l’aide d’un petit verre de 7 à 8 cm de diamètre. Déposer un peu de farce sur chaque rond, mouiller le pourtour au pinceau puis rabattre la pâte sur elle-même et appuyer fermement pour souder les bords. On obtient une cinquantaine de ravioles que l’on disposera dans un plateau saupoudré de farine.
Porter à ébullition une grande marmite d’eau salée et y plonger les ravioles, les remuer et baisser le feu. Les égoutter lorsqu’ils remontent à la surface, les mettre dans un plat et les napper de sauce aux noix. Servir immédiatement.
Gelée de fleurs de pissenlit
Pour deux pots
- Fleurs de pissenlits, 1 kg de sucre en poudre, le jus d’un citron et 1,25 litre d’eau.
Remplir une grande casserole de fleurs de pissenlit fraîchement cueillies, sans tige ni feuille et les recouvrir de 1,25 litre d’eau. Laisser macérer toute une nuit. Le lendemain, filtrer le contenu de la casserole et recueillir le liquide obtenu. Le verser dans une autre casserole avec le sucre et le jus de citron. Porter à ébullition et laisser cuire à petit feu pendant 45 minutes. Au bout de ce temps, le sirop doit s’écouler en un mince filet et se figer en refroidissant. Verser la gelée dans des pots et les fermer hermétiquement.