À l’heure où les zones humides sont en régression constante en raison de leur remblai, de l’urbanisation ou bien encore de la plantation de peupleraies, aménager un bassin au jardin, c’est favoriser l’implantation d’un milieu naturel riche en biodiversité.
Outre l’aspect esthétique que conférera votre jardin aquatique à l’environnement existant, il suscitera votre curiosité au vu de la faune et la flore sauvages qui s’y installeront rapidement. Un petit jardin ne constitue pas forcément un obstacle. Un fût coupé, une vieille bassine en zinc ou un abreuvoir en pierre feront l’affaire.
La difficulté majeure réside dans le maintien de l’équilibre biologique nécessaire à la survie de votre bassin. Son emplacement est primordial car il doit être exposé au minimum six heures par jour au soleil en évitant la surexposition l’été. Une ombre légère ou la présence de plantes à feuilles flottantes joueront le rôle de filtre solaire. La profondeur est un facteur à prendre en considération, soixante à quatre-vingts centimètres sur une partie permettront de garder une eau fraîche et oxygénée l’été et éviteront le gel complet l’hiver. La création d’une zone humide suffisamment large sur le pourtour et des berges en pente douce contribueront à l’enracinement des plantes aquatiques et faciliteront l’accès aux crapauds, grenouilles et autres tritons qui viendront s’y reproduire au printemps. Les tiges immergées constitueront un refuge pour les insectes aquatiques et les têtards. N’oubliez pas les plantes oxygénantes comme la Myriophylle, la pesse d’eau ou queue-de-cheval, l’élodée du Canada qui contribueront à l’élimination des nitrates et éviteront le développement des algues vertes. Il existe de nombreuses variétés de plantes aquatiques que vous pourrez utiliser selon l’importance de votre bassin tel que le potamot nageant, le populage des marais, la renoncule aquatique, la massette, le faux nénuphar…
Sachez que plus le bassin est grand et plus l’équilibre biologique est aisé à maintenir. Un nettoyage est toutefois indispensable deux fois par an, les plantes aquatiques ayant un développement rapide.
Tout ceci contribuera à la fidélisation de la faune sauvage qui animera votre bassin. L’été le balai aérien des libellules chassant les insectes vous offrira un spectacle réjouissant. La libellule déprimée, l’anax empereur et les agrions viendront y déposer leurs œufs qui se transformeront en larves prédatrices. Tels des patineurs artistiques, la course effrénée des gerris animera la surface de votre plan d’eau. Plus en profondeur, d’innombrables « petites bêtes » comme les dytiques, notonectes, puces d’eau, planorbes et autres limnées trouveront refuge dans les plantes aquatiques.
Nous n’avons pas évoqué la présence de poissons. Pour ou contre ? Les poissons en nombre raisonnable vous débarrasseront des larves de moustiques mais malheureusement aussi des têtards et larves de libellules. Vous aurez donc moins de grenouilles et de tritons. La surpopulation et la suralimentation favoriseront le développement des algues indésirables et nuiront à l’équilibre en perturbant la qualité de l’eau. Alors, à vous de choisir !
Il se peut que vous ayez la visite incongrue de quelque hôte insolite, ce qui fut notre cas. Quel ne fut pas notre étonnement d’observer un beau matin de printemps une Aigrette Garzette à proximité de notre bassin y prélevant quelques poissons qu’elle trouvait probablement à son goût.
Votre bassin n’a pas fini de vous étonner. Alors à vos pelles et pioches, laissez libre cours à votre imagination pour créer cet espace naturel. Quant à la nature des matériaux, il en existe bon nombre, bâches, bassins préformés en polyester, béton ou bien encore récipients détournés. N’oubliez pas d’y intégrer une pompe avec filtre ce qui facilitera l’oxygénation.
Maintenant, laissez-vous bercer par le murmure de l’eau et contemplez le foisonnement de la flore et de la faune qui s’installent dans votre jardin aquatique.
Quant à nous, il ne nous reste plus qu’à vous saluer et à vous dire à bientôt peut-être pour d’autres découvertes côté nature.